MO.0.0.15678

Ivoren signaalfluitjes met modulatiegat / Sifflets en ivoire à trou de modulation / Ivory whistles with modulation hole. [Pende]. Kwilu, RD Congo. Late 19th century. Ivory. Purchase. MO.0.0.28616
Acquis lors d’une période violente
Ce sifflet provient d’une collection de 117 objets provenant de l’État indépendant du Congo, rapportés en Belgique par le militaire belge Léon Rom. Il s’agit surtout de petits objets d’usage qui s’apparentent aux ensembles constitués à la même période avec une majorité de pièces kuba correspondant aux goûts esthétiques de l’époque (coupes, boîtes, textiles). Ce sifflet a été vendu par sa veuve au musée en 1925
Léon Rom (1860-1924) entre au service de l’État indépendant du Congo comme agent administratif en 1886. Il est nommé commissaire du district de Matadi et devient ensuite sous-lieutenant de la Force publique en 1890 ; il sera alors chef de station à Léopoldville (aujourd’hui, Kinshasa).
C’est à cet endroit que Rom aurait pu croiser l’écrivain anglo-polonais Joseph Conrad (1857-1924), l’auteur de Heart of Darkness (Au cœur des ténèbres, 1925) qui s’inspira de ses souvenirs du Congo mais aussi des nouvelles qui lui en parvinrent après son retour en décembre 1891 pour écrire son roman, publié en 1899. Il semblerait que l’un des personnages les plus célèbres de son livre, Kurtz, un marchand d’ivoire, ait été inspiré par Rom. Beaucoup voient, en effet, dans certains traits du caractère de Kurtz, une mise en récit inspirée de la violence dont Rom fit preuve à son poste aux Stanley Falls (1894-1895), où sa maison présentait un parterre entouré de crânes humains.
Objet de prestige sans contexte
Il est bien sûr tout aussi difficile d’évoquer le contexte de collecte de cette pièce dont les circonstances ne sont, comme pour aucune autre de la collection, pas mentionnées dans les archives du musée. Certaines anciennes étiquettes d’objets indiquent néanmoins que Rom n’était pas forcément la personne qui les avait acquis car une mention « agent récolteur » suivie d’un autre nom propre apparaît parmi les autres indications telles que « nom indigène, nom du village, catégorie », etc.
Cependant, la majorité des objets semble avoir été transmise sans étiquette descriptive ; leur identification au sein des services du musée a donc été faite, comme souvent, par comparaison avec les collections déjà connues et documentées de l’institution.
Portrait de L. Rom. s.d. MRAC Tervuren, HP.1955.54.283.